Compte financier unique 2024 de la commune de Grenoble

Publié le 20 juin 2025

Chaque année, avant la fin juin, les collectivités locales sont tenues de rendre une photographie précise de leurs dépenses et recettes de l’année précédente, c’est à la fois le compte administratif de l’exécutif et le compte de gestion du comptable public. Pour simplifier cette présentation le législateur a décidé de n’en faire plus qu’un seul compte, le Compte Financier Unique (CFU). Ce sera obligatoire pour toutes les collectivités en 2027, la Ville de Grenoble inaugure cette nouvelle présentation lors du conseil municipal du 23 juin 2025.

C’est la dernière photographie des recettes et dépenses (en fonctionnement et en investissement) du budget principal et des budgets annexes avant le prochain mandat municipal débutant en mars 2026 ; c’est une raison de plus pour l’examiner de près afin de savoir si les finances de la ville ont été bien tenues.

En cette période très compliquée pour les collectivités, car elles ne savent pas quelles vont être les décisions budgétaires nationales qui les impacteront lors de la prochaine loi de finances 2026, ce dont on est sûr c’est qu’elles seront encore plus négatives que ce qui s’est décidé en 2025, c’est donc très important de savoir si l’état des finances de Grenoble est robuste ou fragile. Minorité et opposition municipales vont crier comme chaque année à la catastrophe sans apporter d’analyse sérieuse, ni surtout des alternatives correctement chiffrées.

Dans un prochain article nous analyserons comment les choix politiques de la majorité s’expriment par des chiffres dans le CFU, en fonctionnement comme en investissement et comment la bonne santé financière a déjà permis d’absorber le choc du budget 2025 et devrait aussi laisser au prochain mandat une situation financière correcte pour une nouvelle politique encore plus démocratique, écologique et solidaire.

Plusieurs paramètres financiers permettent de juger de la qualité des finances d’une collectivité.

Un premier critère important est la soutenabilité de la dette. Trois paramètres sont à examiner :

  • le rapport entre le stock de la dette (258 M€) et les recettes de fonctionnement (334 M€) soit 77 %, ce qui est proche de la moyenne des communes de la même strate de population (72%). Ce rapport indique que si vous avez de bons revenus vous pouvez vous endetter plus que si vous avez moins de revenus, ce qui est évident pour tout le monde. Petit rappel historique : les budgets Carignon qui ont fait exploser la dette de la ville entre 1983 et 1995 avaient un rapport stock de la dette sur recettes de fonctionnement de 125 % en 1991. Voir l’historique de ce rapport dans le graphique suivant. Il aura fallu 35 ans pour effacer cet étouffement par la dette créé par Carignon et ses équipes.
  • la capacité de désendettement qui mesure le rapport entre le stock de la dette (258 M€) et l’épargne brute (48 M€), soit 5,4 années. Ce paramètre mesure le temps qu’il faudrait pour éteindre la dette si la ville n’investissait plus. Lorsque ce paramètre dépasse les 10 ans il y danger, une loi de programmation financière interdisait de dépasser les 12 ans, mais elle n’était pas appliquée.
  • le niveau d’épargne brute par rapport aux recettes de fonctionnement soit 13 %, ce qui correspond à la moyenne de la strate. Les experts fixent à environ 7 % la ligne rouge en dessous de laquelle il y aurait une catastrophe, car ce niveau de 7% est à peu près égal au montant des amortissements des équipements de la collectivité, or les dépenses d’amortissement sont des dépenses obligatoires. Ne pas respecter cette ligne rouge signifierait un budget en déséquilibre ce qui est sanctionné par la chambre régionale des comptes. Rappel du passé : sous Carignon l’épargne brute était devenue négative et la dette a explosé.

D’autres critères permettent d’apprécier la qualité d’un budget :

  • Les ressources propres d’investissement : un paramètre très important puisque la loi impose que la collectivité doit rembourser les annuités en capital de la dette par uniquement des ressources propres d’investissement. La loi interdit notamment de rembourser cette annuité par de nouveaux emprunts. C’est malheureusement ce que fait l’Etat qui lui a les mains libres pour le faire d’où la catastrophe budgétaire nationale. La Ville de Grenoble est très bien placée puisque les annuités d’emprunts à rembourser sont d’environ 23 M€ et les recettes propres d’investissement (y compris l’épargne brute) atteignent plus de 50 M€.
  • Les subventions que verse la Ville notamment à son CCAS sont à un niveau suffisant pour que son intervention demeure à un haut niveau du fait d’une situation sociale toujours plus tendue ; entre 2022 et 2024 la subvention au CCAS a augmenté de 14 %. Les autres subventions, aux associations, ont augmenté de 10 % entre 2023 et 2024.

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